lundi 15 octobre 2018

La Charité est-elle «culturellement» morte ?


©MB, Ancien musée de La Charité, vue de derrière

Dans un article précédent
, nous avons introduit avec peut être un grand
enthousiasme La Charité-sur-Loire comme étant une commune culturelle. En effet, cette petite ville rurale est équipée d’infrastructures culturelles (une bibliothèque dotée d’une ludothèque, un théâtre, un office du tourisme, etc même s’ils sont de petite taille) permettant d’égaler à une grande ville au Maroc. Nous tenons à souligner aussi que n’avions pas l’intention non plus de tomber dans des clichés touristiques sur La Charité-sur Loire.
Dans cet article, nous allons nous attarder un peu sur les fermetures successives de certains espaces culturels locaux et la léthargie ressentie par les habitants, notamment les jeunes, ainsi que le manque d’événements culturels dans la durée. En effet, il arrive d’avoir des week-ends vides sans aucune programmation réelle (à part le marché du livre qui se déroule chaque 3ème dimanche du mois d’octobre à mars). Il s’avère donc nécessaire de se déplacer à chaque fois dans des communes proches et plus animées de la région comme Bourges dans le département du Cher, Cosne-sur-Loire ou Nevers qui est le chef lieu du département de la Nièvre.

A La Charité, il y a d’abord la salle de cinéma REX qui est fermée dans les années soixante-dix. D’un autre côté, une autre salle de cinéma, le Cinéma Crystal Palace, existe depuis les années quatre-vingt. Pour la qualité des films programmés, il a été classé «Art et Essai» avec deux labels: jeune public et patrimoine. Ensuite, il y a le musée de La Charité (1954-2011) qui est fermé également depuis plusieurs années maintenant. La maison des mots (une galerie privée et maison d’édition) menacée de fermer prochainement si elle ne reçoit pas le soutien nécessaire. 
©MB, Entrée visiteurs de l'ancien musée de La Charité
©MB, La maison des mots
Tout cela pourrait paraître normal pour certains qui croient que la ville est d’ores et déjà pauvre au niveau culturel et l’est aussi dans d’autres aspects de la vie. Or, depuis que nous sommes ici, il y a eu quand même quelques événements artistiques encourageants comme un «Fantastic picnic» organisé par la Cité du Mot et animé par le chanteur des rues Fabio au prieuré de la Charité pour célébrer la fin de l’été, un flashmob des commerçants (chorégraphié par Véronique Faillet) sur la place des Pêcheurs, le festival Les Musicales de La Charité sur Loire, un mois de la poésie dont nous avons assisté heureusement à la soirée de clôture au café littéraire et artistique Bazar Café, le salon artisanal «Femmes de talent», ainsi que des cours réguliers de calligraphie latine et enluminure proposés par l’artiste Particia Muller

©MB, Le chanteur Fabio au "Fantastic picnic"

©MB, L'artiste calligraphe Patricia Muller
©MB, Patricia Muller avec ses élèves en plein atelier d'enluminure
Comme tout autre ville, La Charité connaît des hauts et des bas et les bonnes volontés essaient de garder son image de gloire d’antan. Le centre culturel de rencontre la Cité du Mot joue un rôle important dans ce sens. En effet, cet établissement public a l’ambition de rouvrir le musée avec une nouvelle bibliothèque et une salle de spectacles prochainement au prieuré de La Charité. Doté d'un sous-sol, l’ancien musée se trouvait autrefois rue des Chapelains.
©MB, Les bureaux de la Cité du Mot
D’ailleurs, nous avons eu l’opportunité de découvrir la collection de ce musée grâce à sa responsable et animatrice du patrimoine à la Cité du Mot, Marie Barthelet. Des objets du quotidien (un chapelet, un sceau, etc) datant du Moyen Âge, des pierres du décor sculpté des églises Notre-Dame et Saint-Laurent, des objets d’art décoratif, des objets industriels (des marteaux, des limes et des machines, etc), des tableaux de peintres locaux et autres, ainsi que des sculptures contemporaines dont certaines d'Alfredo Pina, collaborateur de Rodin. Un projet de restauration des œuvres endommagées est en cours de lancement.

©MB, Marie Barthelet, la responsable du nouveau musée
©MB, Des objets de la vie quotidienne exposés dans le sous-sol
©MB, Des objets de la collection de l'art décoratif
©MB, Des marteaux de la collection des objets industriels
©MB, Des bustes de la collection des sculptures d'Alfredo Pina
Par ailleurs, nous avons découvert le projet ambitieux de John Crombie, éditeur, imprimeur et typographe d’origine anglaise. Il est le propriétaire de La maison des mots créée avec son épouse Sheila Bourne en 2011. Ils possèdent une collection privée de dessins qu’ils gardent précieusement pour pouvoir en faire un musée à l’avenir. En effet, John Crombie réalise des livres combinatoires, nous apprend t-il, tout en s’inspirant de Raymond Queneau (qui est l’initiateur de la littérature combinatoire). Tandis que sa femme Sheila Bourne crée des dessins et des livres dessinés. 
©MB, John Crombie à La maison des mots
John Crombie souhaite installer, en plus d’un musée, une résidence pour typographes et des ateliers de typographie à la machine dont il dispose. Pour cela, cet artiste a besoin d’un grand espace et de fonds pour soutenir ce projet de grande envergure. A bon entendeur…aujourd’hui, La maison des mots, dont la devanture est si colorée et différente des autres devantures ici, va fermer malheureusement comme d’autres espaces…

*Article et photos réalisés dans le cadre de notre résidence Odyssée-ACCR de 2 mois (du 17 septembre au 17 novembre 2018) à la Cité du Mot, centre culturel de rencontre, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication en France.

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