mardi 22 septembre 2015

Le conteur n'a plus "sa place"!

Décidément, la place de Jamaa El Fna ne voit plus d’un bon œil ni les bouquinistes[1] ni les conteurs qui occupent "la place". En effet, après que les bouquinistes soient déplacés depuis bien longtemps et définitivement de la place Jamaa El Fna à Bab Doukkala vers la fin des années quatre-vingt. C’est au tour des conteurs depuis les années quatre-vingt-dix de quitter l’un après l’autre "la place", "leur place" pour aller chercher ailleurs...

Heureusement qu’il existe de bonnes initiatives et des projets de qualité pour accueillir certains conteurs et artistes en manque d’espaces et d’opportunités. En effet, depuis quelques années déjà, certains riads se transforment en véritables centres d’art de part la richesse de leur programmation, la régularité et la fréquence de leurs activités[2].

Le conteur retrouve dès lors un cadre et s’adapte, même s’il s’agit d’un espace fermé et différent de celui auquel il s’était habitué, pour rencontrer son public habituel. Mais aussi un nouveau public : un public féminin qui ne pouvait pas auparavant assister à la halqa de Jamaa El Fna. Le conteur peut également expérimenter de nouvelles performances en fonction de son public et des rencontres réalisées avec d’autres conteurs en herbe.

Il était une fois, Hikayat Morocco

Surnommé "El Haj" ou "El Marrakchi", ce conteur professionnel avait quitté la place de Jamaa El Fna depuis 1992. El Haj travaille désormais en collaboration avec Hikayat Morocco. Il s’agit d’une communauté composée de jeunes étudiants universitaires de Marrakech : Malika, Sarah, Mehdi et Jaouad ainsi que de nouveaux membres comme Soumia et Amine, accompagnée de Melissa, la coordinatrice de ce programme. Le démarrage de ce projet a eu lieu parallèlement avec l’ouverture du Café Clock de Marrakech en 2014.

Au sein de cette communauté, le conte est étudié et traduit en anglais et en français tout récemment afin de le présenter sous les trois versions chaque lundi et jeudi au café Clock gracieusement devant le public. Ce public qui s’élargit de plus en plus et qui comprend des arabophones, des anglophones et désormais des francophones. En outre, l’originalité de cette communauté réside dans le fait qu’elle est composée de conteuses filles.

Hikayat Morocco va devenir plus tard une organisation à but non lucratif pour la sauvegarde et la protection du conte en particulier et du patrimoine oral en général tout en continuant de le transmettre de génération en génération. C’est ce que El Marrakchi est en train de réaliser concrètement avec ses jeunes apprentis.

Hikayat Moroccco se déplace dans d’autres villes comme Essaouira et Béni Mellal, mais aussi dans des villages pour aller à la rencontre des enfants et des adultes. Cette communauté réalise également des collaborations avec des étudiants britanniques et américains pendant leur séjour au Maroc. Elle peut aussi donner des spectacles de contes privés et payants dans des hôtels et riads. Et L’argent récolté par celle-ci va au profit des projets de charité surtout pour les enfants vivant dans les villages.

Par ailleurs, le café Clock propose plusieurs autres activités à part le contre chaque lundi et jeudi avec Hikayat Morocco. Il s’agit d’un programme hebdomadaire bien ficelé, par son jeune responsable Mohamed Rebouj, et dédié tout particulièrement au patrimoine oral qui comprend : Houwariyat chaque samedi, Gnawa chaque dimanche, musique africaine chaque mardi. Mais aussi une jam session ou un showcase avec un nouveau groupe chaque mercredi. Des leçons du luth (el oud), des cours de calligraphie arabe et des cours de cuisine…

Pour plus d’informations, voici les pages facebook de Café Clock Marrakech et Hikayat Morocco.
https://www.facebook.com/Hikayat-Morocco-1460083840906772/timeline/

*Je tiens à remercier Mohamed Rebouj et Mehdi El Ghaly pour les informations et les photos.


[1] Voir article : Omar Zouita, le bouquiniste « conscient »
[2] Voir article : Marrakech, prochaine capitale de la culture au Maroc ?

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