lundi 13 juillet 2015

Quand Marrakech était la capitale


© MB, Qoubba almoravide et mosquée Ben Youssef derrière
Depuis sa création par le sultan almoravide Youssef Ben Tachefine et selon l’histoire, Marrakech était la capitale de plusieurs dynasties qui se sont succédées au Maroc. Elle était la capitale d’abord des Almoravides, ensuite des Almohades et enfin des Saadiens. 

A partir de la fin du XIe siècle, Marrakech a commencé à connaître un développement scientifique grâce aux savants ramenés par les souverains almoravides de l’Espagne au Maroc[1]. C’est sous leur règne aussi que la bibliothèque et la mosquée Ben Youssef à Marrakech ont vu le jour grâce à leur fondateur Ali Ben Youssef. Alors que la médersa Ben Youssef a été construite plus tard sous le règne des Saadiens[2]. 


© MB, Médersa Ben Youssef

En se dotant d’écoles et de bibliothèques sous le règne des Almohades, Marrakech a pu rivaliser même avec Fès et les grandes villes andalouses en matière d’enseignement. La cour almohade a pu séduire savants et poètes grâce au mécénat[3].

Passionné de philosophie, Abou Yaâcoub Youssef (1163-1184) va pouvoir rencontrer le cadi Mohammed Ibn Rochd (Averroès), sous l’incitation d’Ibn Tofayl (lui-même grand philosophe). Le sultan, qui va apprécier le génie de ce philosophe andalou dès leur premier contact, va le convoquer plus tard pour lui demander de traduire les écrits d’Aristote[4]. Marrakech va devenir ainsi « centre de la philosophie arabe à son apogée » comme l’a qualifié Gaston Deverdun[5]. N’est-ce pas sous l’encouragement d’un prince que des traductions aussi importantes dans l’histoire voient-elles le jour ?

A côté de son soutien pour les philosophes, Abou Yaâcoub Youssef (pendant son séjour beaucoup plus à Marrakech, alors capitale des Almohades, qu’à Séville) aimait s’entourer de poètes, de médecins et mathématiciens. Il les encouragea à écrire en leur accordant des pensions et gratifications[6]. Son fils Abou Youssef Yaâcoub (1184-1198/9), appelé aussi Yaâcoub al-Mansour (le Victorieux), a essayé de perpétuer le mécénat tel qu’il a été pratiqué par son père au profit des arts et des lettres. Or, sous l’influence des fouqahas andalous, il exila le philosophe Ibn Rochd à Lucena, près de Cordoue pour un certain moment. Il brûla aussi ses livres avant qu’il ne décida finalement de le rétablir sous sa protection, comme il était sous le règne de son père. Ce philosophe a rejoint effectivement Marrakech où il est resté jusqu’à ce qu’il mourra en 595/1198[7].

© MB, Minaret de la Koutoubia
Par ailleurs, Abou Yaâcoub Youssef a dû installer le quartier des Librairies (derb al-Koutoubiyyine), autour de la mosquée des Librairies (jamiî al-Koutoubiyyine). Celle-ci a été fondée par son père Abd al-Moumen sur les ruines du palais almoravide Qasr al-Hajar à Marrakech[8].

* Ce texte est extrait de mon mémoire de fin d'études.



[1] G. DEVERDUN, Marrakech des origines à 1912, Tome I, Editions Techniques Nord-africaines, 1959, p. 131.
[2] Ibid, p.373.
[3] Ibid, pp. 260, 261 et 265.
[4] Ibid, pp. 206 et 207.
[5] Ibid, p. 205.
[6] L. BENJELLOUN-LAROUI, Les bibliothèques au Maroc, Collection Islam d’hier et d’aujourd’hui, Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1990, p. 27.
[7] Ibid, p. 28.
[8] Ibid., pp. 27 et 28.

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