© MB, Qoubba almoravide et mosquée Ben Youssef derrière |
Depuis sa création par le sultan
almoravide Youssef Ben Tachefine et selon l’histoire, Marrakech était la
capitale de plusieurs dynasties qui se sont succédées au Maroc. Elle était la
capitale d’abord des Almoravides, ensuite des Almohades et enfin des Saadiens.
A partir de la fin du XIe siècle,
Marrakech a commencé à connaître un développement scientifique grâce aux
savants ramenés par les souverains almoravides de l’Espagne au Maroc[1]. C’est sous
leur règne aussi que la bibliothèque et la mosquée Ben Youssef à Marrakech ont
vu le jour grâce à leur fondateur Ali Ben Youssef. Alors que la médersa Ben
Youssef a été construite plus tard sous le règne des Saadiens[2].
© MB, Médersa Ben Youssef |
En se dotant d’écoles et de bibliothèques sous le règne des Almohades, Marrakech a pu rivaliser même avec Fès et les grandes villes andalouses en matière d’enseignement. La cour almohade a pu séduire savants et poètes grâce au mécénat[3].
Passionné de philosophie, Abou Yaâcoub Youssef (1163-1184)
va pouvoir rencontrer le cadi Mohammed Ibn Rochd (Averroès), sous l’incitation
d’Ibn Tofayl (lui-même grand philosophe). Le sultan, qui va apprécier le génie
de ce philosophe andalou dès leur premier contact, va le convoquer plus tard
pour lui demander de traduire les écrits d’Aristote[4].
Marrakech va devenir ainsi « centre de la philosophie arabe à son
apogée » comme l’a qualifié Gaston Deverdun[5].
N’est-ce pas sous l’encouragement d’un prince que des traductions aussi
importantes dans l’histoire voient-elles le jour ?
A côté de son soutien pour les
philosophes, Abou Yaâcoub Youssef (pendant son séjour beaucoup plus à
Marrakech, alors capitale des Almohades, qu’à Séville) aimait s’entourer de
poètes, de médecins et mathématiciens. Il les encouragea à écrire en leur accordant
des pensions et gratifications[6]. Son fils Abou Youssef
Yaâcoub (1184-1198/9), appelé aussi Yaâcoub al-Mansour (le Victorieux), a
essayé de perpétuer le mécénat tel qu’il a été pratiqué par son père au profit
des arts et des lettres. Or, sous l’influence des fouqahas andalous, il exila
le philosophe Ibn Rochd à Lucena, près de Cordoue pour un certain moment. Il
brûla aussi ses livres avant qu’il ne décida finalement de le rétablir sous sa
protection, comme il était sous le règne de son père. Ce philosophe a rejoint
effectivement Marrakech où il est resté jusqu’à ce qu’il mourra en 595/1198[7].
Par ailleurs, Abou Yaâcoub Youssef a dû installer le quartier des Librairies (derb al-Koutoubiyyine), autour de la mosquée des Librairies (jamiî al-Koutoubiyyine). Celle-ci a été fondée par son père Abd al-Moumen sur les ruines du palais almoravide Qasr al-Hajar à Marrakech[8].
* Ce texte est extrait de mon mémoire de fin d'études.
[1] G.
DEVERDUN, Marrakech des origines à 1912, Tome I, Editions Techniques
Nord-africaines, 1959, p. 131.
[2] Ibid,
p.373.
[3] Ibid,
pp. 260, 261 et 265.
[4] Ibid,
pp. 206 et 207.
[5] Ibid,
p. 205.
[6]
L. BENJELLOUN-LAROUI, Les bibliothèques au Maroc, Collection Islam
d’hier et d’aujourd’hui, Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1990, p. 27.
[7]
Ibid, p. 28.
[8] Ibid., pp. 27 et 28.
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