samedi 5 novembre 2016

Quand c’est DABAPHOTO au 18 !

L’idée est à la fois simple et inspirante : créer un rendez-vous annuel autour de la photographie contemporaine en pleine ancienne médina de Marrakech, dans le quartier populaire Riad Laarouss et plus précisément au 18, derb El Ferrane. Il n’est pas étrange de découvrir qu’une photographe soit derrière cette idée : Laila Hida.


Le 18 est en fait un riad culturel pluridisciplinaire et un espace indépendant. Il s’agit à la fois d’un centre culturel doté d’une résidence d’artistes, d’une galerie d’art et d’un petit bookstore.


DABAPHOTO 2 est l’événement phare de cette rentrée au 18 avec une exposition collective nommée « Terrain de jeu » sous la thématique de la photographie de rue ou la street photography (du 15/10 au 10/11/2016). Neuf photographes ont été sélectionnés pour cette exposition par le jury (Laila Hida, Hicham Bouzid, Francesca Masoero et Jeanne Mercier) suite à un appel à candidatures lancé l’été dernier par les organisateurs. 

Ces neuf photographes sont : Zakaria Ait Wakrim, Yassine Alaoui Ismaili, Myriam Aliouala, Salah Bouade, Muhcine Ennou, Yasmine Hatimi, M’hammed Kilito, Ziad Naitaddi et Céline Villegas. Leurs photographies représentent des scènes de rue, des passants, des pistes, des murs et des maisons…


Au niveau de la scénographie et dépendamment de l’espace du 18, mais aussi du choix des fois des photographes eux-mêmes, les photos exposées sont mélangées et de différents formats, en couleur ou en noir en en blanc, avec ou sans cadre. Il y a aussi un travail photographique projeté sur écran. Trois photos sont sous formes de grandes copies A4 en noir et en blanc collées directement au mur comme des posters à la manière d'un puzzle. Le 18 a fait également appel à la photographe Maycec pour la conception graphique et au calligraphe Mohamed Abaoubida pour transcrire le titre de l’exposition sur le mur. 

A côté de l’exposition, des rencontres modérées par Juan Asis Palao Gomez ont été programmées pour traiter justement de la thématique de cette exposition comme une rencontre avec Marie Moignard en date du 22 octobre sur « Photographier l’espace public au Maroc : une histoire du régard, depuis la photographie coloniale jusqu’à la création contemporaine ». Marie Moignard qui est historienne d’art, journaliste et critique pour la revue Diptyk. Elle anime aussi les rencontres « Tchat Photo » à l’Institut français de Casablanca et deviendra l’auteur d’un livre de référence, voire du premier livre sur « Une histoire de la photographie marocaine » à paraître. En outre, une rencontre (ayant lieu le 29 octobre) avec le photographe Khalil Nemmaoui sous le titre « Le paysage, en périphérie de l’urbain ou la proximité entre nature et civilisation ». Ce photographe connu justement pour sa série « La maison de l’arbre ». Et finalement, une dernière rencontre du 5 novembre sous forme d’un workshop pratique autour de la création d’un fanzine par le photographe Sergej Vutuc.

DABAPHOTO devient petit à petit l’événement photographique incontournable de Marrakech. D’autres idées surgissent dans d’autres villes comme : Les Nuits Photographiques d'Essaouira (dont la 1ère édition s’est tenue du 6 au 8 octobre 2016 à Essaouira) et Les Rencontres Photographiques de Rabat (qui s’est déroulé du 2 au 4 juin 2016 à Rabat) ainsi que des concours photographiques, pourvu que ça continue au fil des années...

dimanche 8 mai 2016

"THINK CULTURE...THINK GROWTH" !

Avec l'une de nos formatrices du workshop "Plaidoyer pour la culture":
Naima Lahbil, à Zico House, Beyrouth, Avril 2016
"Think culture...think growth!": telle est la règle d’or du programme Med Culture. Financé par l'Union européenne, Med Culture est un programme régional à durée déterminée de 4 ans (de 2014 à 2018). Ce programme organise, entre autres, des workshops au profit des pays du sud de la Méditerranée dont l'objectif principal est de favoriser le développement culturel, voire économique dans cette région.

"Plaidoyer pour la culture" est l’un des workshops récents organisés par Med Culture. Suite à leur appel à candidature, j’ai pu rejoindre un groupe sélectionné de 20 professionnels de la culture venant d'Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Tunisie et du Maroc pour bénéficier de cette formation.

Ce workshop s’est déroulé du 02 au 04 avril 2016 à Beyrouth, à Zico House : un centre culturel dont le bâtiment date de 1935. Modérée par Fanny Bouquerel de Med Culture, cette formation de 3 jours a été assurée par deux formatrices (Sana Ouchtati et Naima Lahbil). Celle-ci nous a permis d’abord de faire le point sur la terminologie (plaidoyer, lobbying)..., ensuite d’étudier comment préparer les étapes d’un bon plaidoyer pour la culture avec des exemples et des exercices…

A côté de la formation, le programme nous a permis de découvrir des lieux culturels à Beyrouth comme Sursock Museum (ouvert depuis 1961) et Dawawine (une librairie, spécialisé dans le cinéma et l’art, dotée d’une petite salle de cinéma). Ce programme nous a permis également de rencontrer des acteurs culturels comme Marwa Helmy d’Al Mawred Al Thaqafy et des activistes de la société civile libanaise comme Zeinab Arteil de Marchlebanon Association. Cette association qui défend les droits de la femme, est entrain de créer un musée virtuel de la censure (The Virtual Museum of Censorship) permettant de voir en ligne tous les films, livres, pièces de théâtre, musique…ayant été censuré au Liban. En outre, la rencontre avec Amira Halabi de la Campagne pour la protection de Dalieh-Raouché. Cette campagne dont la mission principale est de lutter contre la privatisation de la côte de Raouché où se trouve ce fameux rocher...



      





jeudi 28 janvier 2016

Fatima El Azadi, la bibliothécaire et la biblio-cinéphile



Titulaire d’un Baccalauréat en Littérature Arabe Bilingue et d’une Licence en Langue et Littérature Françaises en 1992, Fatima El Azadi est passionnée à la fois de littérature arabe et française. Elle a lu, nous précise-t-elle, aussi bien pour Naguib Mahfouz, Abou Alaa Al Maari, Al Akkad, Ghassan Kanafani et d’autres que pour Racine, Baudelaire, Proust, Lucien Goldmann et Julia Kristeva, etc... Cette richesse linguistique est un atout qui, mis en œuvre, lui a permis d’aborder le Monde autrement et trouver une voix personnalisée.

Son mémoire de fin d’études universitaire à la Faculté des Lettres Cadi Ayyad de Marrakech intitulé L’esthétique de la lumière dans les Mille et Une Nuits, n’a pas échappé à cette double culture puisqu’elle a dû lire les quartes tomes en arabe pour écrire ensuite son mémoire en langue française en revisitant le Saint Coran, le grand maître linguiste arabe Ibn Jinni, Bachelard, Malek Chebel et Abdelkebir Khatibi…

Une reconnaissance et gratitude sont exprimées par Fatima El Azadi à tous ses professeurs de la Faculté des Lettres de Marrakech.

Parallèlement à son enseignement et aux heures creuses, Fatima El Azadi prenait un grand plaisir pour assister aux cours d’arabe et de philosophie avec les autres filières. Etudiante studieuse, curieuse mais aussi sportive, elle jouait au basket-ball pendant son temps libre.

Fatima El Azadi est imprégnée, nous raconte-t-elle, d’abord et depuis son jeune âge par sa Famille : son père autodidacte, exemple d’une tendre exigence en ce qui concerne l’Education et le Savoir ; son oncle - le défunt comédien Mehdi El Azadi -; ses sœurs et frères. C'est une famille, nous décrit Fatima El Azadi, comblée par l’amour d’une maman qui a vouée sa vie pour construire une partie lumineuse dans les rouages ténébreux de la vie quotidienne.

A part sa famille, il y a certains professeurs durant son cursus dans l’enseignement public marocain qui l’ont beaucoup marquée aussi bien au primaire, au collège, au lycée qu’à l’université.

Une fois ses études terminées et sa licence en poche, Fatima El Azadi a commencé d’abord à travailler comme enseignante dans une école privée, mais, de jour en jour, elle sentait que ce n’est pas sa place : "Comme un électron libre, toujours, en orbite des atomes qu'il côtoie, délié, présent par force et gracieusement LIBRE", nous décrit Fatima El Azadi. 

Elle a travaillé ensuite comme ouvreuse vacataire dans la salle de cinéma à l’Institut français de Marrakech (IFM), qui fut alors appelé Centre Culturel français (CCF). Durant trois années, vacataire, elle est passée par tous les postes ; ce qui a enrichit chez elle une polyvalence incontournable et une soif jamais assouvie dans le domaine.

Le déclic est enfin arrivé avec Daniel Le Goff, le responsable de la médiathèque,  qui lui a proposé de travailler au sein de la bibliothèque à mi-temps le jour et pendant les spectacles le soir. Suite à quoi, elle a eu l’opportunité en 1995 d’effectuer un stage au sein de la Bibliothèque Publique à Paris pour la création d’un centre de ressources sur la France contemporaine à Marrakech.

Plus tard, c’est la nouvelle directrice nommée Reine Prat qui propose à Fatima El Azadi un nouveau poste qui consiste, tout en étant dans la bibliothèque, à s’occuper des relations externes avec les étudiants des facultés pour l’animation culturelle et se consacrer aussi au Bureau d’Information Universitaire (BIU), le Campus France actuel.

Peu à peu, ses horizons et son carnet professionnel s’élargissent au-delà de son lieu de travail et la direction comptait beaucoup sur elle pour vendre son produit et la met au devant pour élaborer des projets et créer des partenariats extérieurs. Chose que Fatima El Azadi a su mener jusqu’à la réussite et qui lui a permis une titularisation au sein de l’entreprise.

Depuis, Fatima El Azadi a pu s’enrichir de ces diverses expériences qui ont favorisées l’enrichissement de ses capacités pour éclairer ses actions, ses actes quotidiens et au contact des autres. "La culture et rien que la culture pour  une ouverture de l’esprit et de l’âme. Un enrichissement en se documentant, en étant curieuse sur tous les domaines et surtout sur les sciences sociales et l’art où je m'épanouis aujourd’hui.", nous explique Fatima El Azadi.

A bras ouverts de nouveaux horizons, des ambitions, des projets culturels durant quinze année de suite. La bibliothécaire se confirme de jour en jour, doucement mais sûrement. Une carrière égayée par la formation continue et couronnée par un Master - Formation à distance en Bibliothéconomie et Sciences de l'information et la documentation.

Chaque rencontre est porteuse d'un changement possible, En 2007, Vincent Melilli lui propose de créer la médiathèque à l’Ecole Supérieure des Arts Visuels (ESAVM), nouvellement ouverte à Marrakech, et d’en devenir la responsable.

D’une part, il s’agit d’un travail colossal au niveau de la constitution des collections de monographies, périodiques, thèses, documents audiovisuels et électroniques en fonction des disciplines enseignées et du public qui fréquente la médiathèque. D’autre part, il faut développer, gérer et valoriser le fonds tout en assurant sa conservation et sa pérennité.

Pour répondre à la variation pédagogique et la richesse du monde audiovisuel, la bibliothécaire a dû "réinventer" la classification décimale Dewey et une indexation spécifique à l’organisation de son fonds et permettant une fluide localisation.

"La médiathèque prend le rôle d’intermédiaire pour que les projets pédagogiques reposent sur l’articulation entre une approche pratique-créative et une approche culturelle en offrant les références documentaires nécessaires et en favorisant la recherche et la lecture", nous confirme Fatima El Azadi.

Depuis presque dix ans maintenant et grâce à l’engagement de cette biblio-cinéphile - Fatima El Azadi - et toute l’équipe de l’ESAV dirigée par Vincent Melilli, Marrakech se dote d’une valeur ajoutée : Un fonds spécialisé. Il s'agit d'un fonds documentaire incontournable, multilingue dédié à l’Art, le Cinéma et la Culture en général.

Cette médiathèque est ouverte aux étudiants de l’ESAV, mais aussi aux chercheurs dans le domaine notamment aux étudiants de l’Université Cadi Ayyad.

Passionnée de livre mais aussi de cinéma, Fatima El Azadi s’occupe également de la programmation cinématographique de la salle de cinéma de cette école. Son rêve est de créer à présent un fonds "Pôle de compétence" dédié au cinéma marocain. Une bouteille est lancée à l’eau, à bon entendeurs.

« Oui, j'ai encore des étagères vides dans ma bibliothèque et tant mieux, sinon quel ennui », nous confie Fatima El Azadi.

Fatima El Azadi nous explique finalement que son expérience est acquise à l’IFM certes, mais la maturité culturelle et professionnelle est le fruit de son expérience à l’ESAV Marrakech. Cette amoureuse des livres et des bibliothèques croit bien à ce dicton qu’elle partage avec nous : "Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre...il est vrai qu'avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une bibliothèque." de Sacha Guitry le réalisateur…

* Je tiens à remercier Fatima El Azadi d'avoir accepté de partager tous ces détails sur son parcours passionnant et je tiens à la remercier également pour la photo.