Titulaire d’un Baccalauréat en Littérature Arabe Bilingue et d’une Licence en Langue et Littérature Françaises en 1992,
Fatima El Azadi est passionnée à la fois de littérature arabe et française.
Elle a lu, nous précise-t-elle, aussi bien pour Naguib Mahfouz, Abou Alaa Al
Maari, Al Akkad, Ghassan Kanafani et d’autres que pour Racine, Baudelaire, Proust, Lucien Goldmann et Julia Kristeva, etc...
Cette richesse linguistique est un atout qui, mis en œuvre, lui a permis d’aborder le Monde autrement et
trouver une voix personnalisée.
Son mémoire de fin d’études
universitaire à la Faculté des Lettres Cadi Ayyad de Marrakech intitulé L’esthétique
de la lumière dans les Mille et Une Nuits, n’a pas échappé à cette
double culture puisqu’elle a dû lire les quartes tomes en arabe pour écrire
ensuite son mémoire en langue française en revisitant le Saint Coran, le grand maître
linguiste arabe Ibn Jinni, Bachelard, Malek Chebel et Abdelkebir Khatibi…
Une reconnaissance et gratitude
sont exprimées par Fatima El Azadi à tous ses professeurs de la Faculté des Lettres de
Marrakech.
Parallèlement à son enseignement
et aux heures creuses, Fatima El Azadi prenait un grand plaisir pour assister aux
cours d’arabe et de philosophie avec les autres filières. Etudiante studieuse,
curieuse mais aussi sportive, elle jouait au basket-ball pendant son temps
libre.
Fatima El Azadi est imprégnée,
nous raconte-t-elle, d’abord et depuis son jeune âge par sa Famille : son père
autodidacte, exemple d’une tendre exigence en ce qui concerne l’Education et le
Savoir ; son oncle - le défunt comédien Mehdi El Azadi -; ses sœurs et frères. C'est une famille, nous décrit Fatima El Azadi, comblée par
l’amour d’une maman qui a vouée sa vie pour construire une partie lumineuse
dans les rouages ténébreux de la vie quotidienne.
A part sa famille, il y a certains
professeurs durant son cursus dans l’enseignement public marocain qui l’ont beaucoup
marquée aussi bien au primaire, au collège, au lycée qu’à l’université.
Une fois ses études terminées et sa
licence en poche, Fatima El Azadi a commencé d’abord à travailler comme enseignante
dans une école privée, mais, de jour en jour, elle sentait que ce n’est pas
sa place : "Comme un électron libre, toujours, en orbite des atomes qu'il
côtoie, délié, présent par force et gracieusement LIBRE", nous décrit Fatima El Azadi.
Elle a travaillé ensuite
comme ouvreuse vacataire dans la salle de cinéma à l’Institut français de
Marrakech (IFM), qui fut alors appelé Centre Culturel français (CCF). Durant trois années, vacataire, elle est passée
par tous les postes ; ce qui a enrichit chez elle une polyvalence
incontournable et une soif jamais assouvie dans le domaine.
Le déclic est enfin arrivé avec Daniel
Le Goff, le responsable de la médiathèque, qui lui a proposé de travailler au sein de la bibliothèque
à mi-temps le jour et pendant les spectacles le soir. Suite à quoi, elle a
eu l’opportunité en 1995 d’effectuer un stage au sein de la Bibliothèque
Publique à Paris pour la création d’un centre de ressources sur la France
contemporaine à Marrakech.
Plus tard, c’est la nouvelle
directrice nommée Reine Prat qui propose à Fatima El Azadi un nouveau poste qui consiste, tout en étant dans la bibliothèque, à s’occuper des relations
externes avec les étudiants des facultés pour l’animation culturelle et se consacrer aussi au Bureau d’Information
Universitaire (BIU), le Campus France actuel.
Peu à peu, ses horizons et son carnet
professionnel s’élargissent au-delà de son lieu de travail et la direction comptait beaucoup sur elle pour vendre son produit et la met au devant pour
élaborer des projets et créer des partenariats extérieurs. Chose que Fatima El Azadi a
su mener jusqu’à la réussite et qui lui a permis une titularisation au sein de
l’entreprise.
Depuis, Fatima El Azadi a pu s’enrichir de ces diverses
expériences qui ont favorisées l’enrichissement de ses capacités pour éclairer
ses actions, ses actes quotidiens et au contact des autres. "La culture et
rien que la culture pour une ouverture
de l’esprit et de l’âme. Un enrichissement en se documentant, en étant curieuse
sur tous les domaines et surtout sur les sciences sociales et l’art où je m'épanouis aujourd’hui.", nous explique Fatima El Azadi.
A bras ouverts de nouveaux
horizons, des ambitions, des projets culturels durant quinze année de suite. La
bibliothécaire se confirme de jour en jour, doucement mais sûrement. Une
carrière égayée par la formation continue et couronnée par un Master - Formation à distance en Bibliothéconomie et Sciences de l'information et la documentation.
Chaque rencontre est porteuse
d'un changement possible, En 2007, Vincent Melilli lui propose de créer la
médiathèque à l’Ecole Supérieure des Arts Visuels (ESAVM), nouvellement ouverte
à Marrakech, et d’en devenir la responsable.
D’une part, il s’agit d’un
travail colossal au niveau de la constitution des collections de monographies, périodiques, thèses, documents
audiovisuels et électroniques en fonction des disciplines enseignées et du
public qui fréquente
la médiathèque. D’autre part, il faut développer, gérer et valoriser le fonds
tout en assurant sa conservation
et sa pérennité.
Pour répondre à la variation
pédagogique et la richesse du monde audiovisuel, la bibliothécaire a dû "réinventer" la classification décimale Dewey et une indexation
spécifique à l’organisation
de son fonds et permettant une
fluide localisation.
"La médiathèque prend le rôle d’intermédiaire pour que les projets pédagogiques reposent sur l’articulation entre une approche pratique-créative et une approche culturelle en offrant les références documentaires nécessaires et en favorisant la recherche et la lecture", nous confirme Fatima El Azadi.
Depuis presque dix ans maintenant
et grâce à l’engagement de cette biblio-cinéphile - Fatima El Azadi - et toute l’équipe de l’ESAV dirigée par Vincent Melilli, Marrakech se dote d’une valeur
ajoutée : Un fonds spécialisé. Il s'agit d'un fonds documentaire
incontournable, multilingue dédié à l’Art, le Cinéma et la Culture en général.
Cette médiathèque est
ouverte aux étudiants de l’ESAV, mais aussi aux chercheurs dans le domaine notamment aux étudiants de l’Université Cadi
Ayyad.
Passionnée de livre mais aussi de cinéma, Fatima El Azadi s’occupe également de la programmation
cinématographique de la salle de cinéma de cette école. Son rêve est de créer à présent
un fonds "Pôle de compétence" dédié au cinéma marocain. Une
bouteille est lancée à l’eau, à bon entendeurs.
« Oui, j'ai encore des
étagères vides dans ma bibliothèque et tant mieux, sinon quel ennui », nous confie Fatima El Azadi.
Fatima El Azadi nous explique
finalement que son expérience est acquise à l’IFM certes, mais la maturité culturelle et professionnelle est le fruit de son expérience à l’ESAV Marrakech. Cette
amoureuse des livres et des bibliothèques croit bien à ce dicton qu’elle
partage avec nous : "Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre...il est vrai qu'avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une bibliothèque." de Sacha Guitry le
réalisateur…
* Je tiens à remercier Fatima El Azadi d'avoir accepté de partager tous ces détails sur son parcours passionnant et je tiens à la remercier également pour la photo.
* Je tiens à remercier Fatima El Azadi d'avoir accepté de partager tous ces détails sur son parcours passionnant et je tiens à la remercier également pour la photo.