mardi 29 septembre 2015

Une fontaine historique qui se transforme en galerie

Fontaine Lalla Aouda et galerie Arcades

Située dans l’ancienne médina de Marrakech à Bab Doukkala, la galerie Arcades abrite « Atelier de Marrakech » dédié à l’art et à la culture. Il s’agit en fait du local d’une association à but non lucratif qui regroupe plusieurs artistes dont son président : le calligraphe Abdelghani Ouida. Cette association est composée de membres de Marrakech et d’ailleurs et elle est active aussi bien au Maroc qu’en France.


La galerie Arcades est un véritable trésor historique. Il s’agit de l’espace de la fontaine de Bab Doukkala bien connue des marrakchis et fondée avec la mosquée de Bab Doukkala par la mère de Mansour Eddahbi, Lalla Aouda Saadia de la dynastie saadienne. La fontaine ou Skayyat Lalla Aouda qui se trouve à proximité de cette mosquée, servait principalement d’une fontaine pour les ablutions. Elle sert à présent de local à cette association depuis sa délégation par la Direction de la Culture de Marrakech à celle-ci.

Une restauration partielle de cet espace a été réalisée dans le cadre d’un projet européen REMEE (redécouvrons ensemble le patrimoine de l’eau en Méditerranée) du programme Euromed Héritage IV. Il y a également une coopération entre l’association Atelier de Marrakech et la Mairie de Longlaville (France) qui a permis de réhabiliter davantage les parties dégradées de la fontaine.

Depuis sa création en 1994, Atelier de Marrakech a exposé pour plusieurs artistes de différentes disciplines dont des peintres, sculpteurs, calligraphes et photographes. Cette association a permis notamment aux jeunes artistes émergents de Marrakech et d’autres villes d’exposer pour la première fois. Grâce à leur passage à la galerie Arcades, certains artistes ont pu gagner de notoriété sur le marché d’art. Faut-il rappeler que les galeries et espaces d’expositions étaient moins nombreux à Marrakech jusqu’aux années quatre-vingt-dix ?

Par ailleurs, cet atelier organise des expositions hors les murs (de la galerie Arcades) dans le cadre des expositions locales, nationales et internationales en marge des festivals et événements artistiques au Maroc ou à l’étranger. A côté de son rôle principal, celui de découvrir des talents en herbe et leur permettre d’exposer au sein de cet espace public, l’association propose des formations et  ateliers au profit d’un jeune public dont des cours de calligraphie, de peinture et de dessin au sein de la galerie Arcades ou dans des hôpitaux et maisons de bienfaisance.

En outre, plusieurs artistes internationaux sont venus exposer à la galerie Arcades dans le cadre d’un programme d’échange et de partenariat. La galerie Arcades reste ouverte à toute proposition qui pourrait la rendre encore plus visible et mieux présente sur la scène artistique. Cette galerie mérite bel et bien d’être visitée d’abord pour découvrir cette fontaine et son architecture sous forme d’arcades, ensuite pour voir ses expositions et son projet artistique qui existe depuis plus de vingt-ans…

* Je tiens à remercier M. Abdelghani Ouida de m'avoir communiqué toutes ces informations précieuses sur ce bel espace et pour la photo aussi.

mardi 22 septembre 2015

Le conteur n'a plus "sa place"!

Décidément, la place de Jamaa El Fna ne voit plus d’un bon œil ni les bouquinistes[1] ni les conteurs qui occupent "la place". En effet, après que les bouquinistes soient déplacés depuis bien longtemps et définitivement de la place Jamaa El Fna à Bab Doukkala vers la fin des années quatre-vingt. C’est au tour des conteurs depuis les années quatre-vingt-dix de quitter l’un après l’autre "la place", "leur place" pour aller chercher ailleurs...

Heureusement qu’il existe de bonnes initiatives et des projets de qualité pour accueillir certains conteurs et artistes en manque d’espaces et d’opportunités. En effet, depuis quelques années déjà, certains riads se transforment en véritables centres d’art de part la richesse de leur programmation, la régularité et la fréquence de leurs activités[2].

Le conteur retrouve dès lors un cadre et s’adapte, même s’il s’agit d’un espace fermé et différent de celui auquel il s’était habitué, pour rencontrer son public habituel. Mais aussi un nouveau public : un public féminin qui ne pouvait pas auparavant assister à la halqa de Jamaa El Fna. Le conteur peut également expérimenter de nouvelles performances en fonction de son public et des rencontres réalisées avec d’autres conteurs en herbe.

Il était une fois, Hikayat Morocco

Surnommé "El Haj" ou "El Marrakchi", ce conteur professionnel avait quitté la place de Jamaa El Fna depuis 1992. El Haj travaille désormais en collaboration avec Hikayat Morocco. Il s’agit d’une communauté composée de jeunes étudiants universitaires de Marrakech : Malika, Sarah, Mehdi et Jaouad ainsi que de nouveaux membres comme Soumia et Amine, accompagnée de Melissa, la coordinatrice de ce programme. Le démarrage de ce projet a eu lieu parallèlement avec l’ouverture du Café Clock de Marrakech en 2014.

Au sein de cette communauté, le conte est étudié et traduit en anglais et en français tout récemment afin de le présenter sous les trois versions chaque lundi et jeudi au café Clock gracieusement devant le public. Ce public qui s’élargit de plus en plus et qui comprend des arabophones, des anglophones et désormais des francophones. En outre, l’originalité de cette communauté réside dans le fait qu’elle est composée de conteuses filles.

Hikayat Morocco va devenir plus tard une organisation à but non lucratif pour la sauvegarde et la protection du conte en particulier et du patrimoine oral en général tout en continuant de le transmettre de génération en génération. C’est ce que El Marrakchi est en train de réaliser concrètement avec ses jeunes apprentis.

Hikayat Moroccco se déplace dans d’autres villes comme Essaouira et Béni Mellal, mais aussi dans des villages pour aller à la rencontre des enfants et des adultes. Cette communauté réalise également des collaborations avec des étudiants britanniques et américains pendant leur séjour au Maroc. Elle peut aussi donner des spectacles de contes privés et payants dans des hôtels et riads. Et L’argent récolté par celle-ci va au profit des projets de charité surtout pour les enfants vivant dans les villages.

Par ailleurs, le café Clock propose plusieurs autres activités à part le contre chaque lundi et jeudi avec Hikayat Morocco. Il s’agit d’un programme hebdomadaire bien ficelé, par son jeune responsable Mohamed Rebouj, et dédié tout particulièrement au patrimoine oral qui comprend : Houwariyat chaque samedi, Gnawa chaque dimanche, musique africaine chaque mardi. Mais aussi une jam session ou un showcase avec un nouveau groupe chaque mercredi. Des leçons du luth (el oud), des cours de calligraphie arabe et des cours de cuisine…

Pour plus d’informations, voici les pages facebook de Café Clock Marrakech et Hikayat Morocco.
https://www.facebook.com/Hikayat-Morocco-1460083840906772/timeline/

*Je tiens à remercier Mohamed Rebouj et Mehdi El Ghaly pour les informations et les photos.


[1] Voir article : Omar Zouita, le bouquiniste « conscient »
[2] Voir article : Marrakech, prochaine capitale de la culture au Maroc ?

lundi 14 septembre 2015

Marrakech a enfin son festival du livre !


Cette rentrée s’annonce un peu spéciale à Marrakech qui abrite la 1ère édition de son festival du livre. En effet, Marrakech se dote enfin d’un festival du livre digne de ce nom à l’exemple de Casablanca dont le Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL) est arrivé déjà à sa 21ème édition en février 2015 ainsi que Tanger et son salon international du livre et des arts qui a célébré sa 19ème édition en mai 2015.

Organisée par l’association Le Kitab Bleu, la 1ère édition de ce festival du livre de Marrakech aura lieu le week-end du 24 au 25 octobre prochain à la Maison de la Culture (Dar Attakafa) de cette ville. Les organisateurs de ce festival sont composés des deux fondateurs du salon du livre de l’île de Ré et d’une éditrice installée à Marrakech depuis 10 ans. Il s’agit de Joschi Guitton, Stéphane Guillot et Emmanuelle Sarrazin.



Dédié à la mise en lumière des auteurs marocains francophones contemporains, ce festival - parrainé par le journaliste Patrick Poivre d’Arvor et Sapho et dont le Président d’honneur est Pierre Bergé - promet d’être riche et varié au niveau de sa programmation. Plusieurs poètes, journalistes, essayistes, nouvellistes et romanciers de différentes générations participeront à cette 1ère édition dont les trois invités à l’honneur : Mahi Binebine, Yanick Lahens et Vénus Khoury-Ghata. Ainsi que d’autres auteurs comme Kenza Sefrioui, Leïla Slimani, Abdellah Taïa, Moha Souag, François Salvaing, Kaoutar Harchi, Lamia Berrada Berca, Yassin Adnan, Mohamed Bennis, Mohamed Nedali, Driss Ksikes, Guillaume Jobin, ElMehdi Elkourti, Hicham Houdaïfa, Driss Jaydane, Abdellah Baïda, Aziz Binebine, Ali Chraïbi, Abdelghani Fennane et Reda Dalil.

Des ateliers d’écriture seront également au programme dont un atelier d’écriture dramaturgique qui sera animé par Brahim Hanaï au profit des étudiants et un atelier dédié à l’écriture poétique avec Monique Mesplé-Lassalle. Les enfants à partir de 5 ans pourront aussi prendre part à ce festival et venir assister (le samedi) aux contes qui seront présentés par Abdellatif Targhaoui. Ce dernier contera également pour les adultes (le dimanche). On notera également la présence de deux calligraphes.

Les organisateurs nous apprennent qu’ils souhaitent aborder le livre sous toutes ses formes artistiques, culturelles, populaires et autres. Et souhaitent que ce festival soit un réel lieu de rencontres et d’échanges autour du livre et étendre déjà pour cette première édition aux ouvrages arabophones et peut-être anglophones.

Par ailleurs, les organisateurs nous expliquent aussi que ce premier Festival du livre de Marrakech n’aurait pu avoir lieu sans l’aide et la confiance de M. Pierre Bergé, M. Madison Cox, M. Quito Fierro (Fondation Majorelle), M. Hassan Benmansour (Dar Attakafa), de M. Claude Azières, de M. Pierre Raynaud (L’Institut français de Marrakech), de Mme Bauchet-Bouhlal (Es Saadi gardens and resorts), M. Fabrizio Ruspoli (La Maison arabe), Mme Priti Paul (Sahara Palace Hôtel) et bien d’autres personnes qui ont cru à ce projet. Projet dédié à la lecture, la littérature et le livre sous toutes ses formes.

*Je tiens à remercier M. Joschi Guitton de m’avoir communiqué toutes les informations nécessaires à propos de ce nouveau festival.