jeudi 23 avril 2015

Abderrahmane Doukkane et son «Casa en action»

Abderrahmane Doukkane vient d’être élu récemment lauréat par le concours « Ma ville » de la ville de Casablanca : 1er prix par le jury. Il a été sélectionné pour une photo en couleur composée elle-même de douze photos. Cette image est issue en fait de sa série « Casa en action ». Un travail qui représente une ville dynamique et active, mais aussi une ville d’embouteillage. Bref, une ville « qui bouge » comme ce jeune artiste l’a décrit…

Pour décrire son expérience et malgré son jeune âge en deux mots : elle est riche et enrichissante pour les photographes de sa génération. Et pour décrire sa personnalité, c’est une personne modeste et curieuse qui cherche toujours à apprendre davantage et à creuser encore plus loin…

© AD, Casa en action.

Ses premiers pas

Né en 1983 dans la périphérie de Casablanca, c’est à l’âge de seize ans qu’il avait commencé la photographie. Ce fut sa première passion. Quelques années plus tard, il participa à un workshop réalisé par l’agence Magnum avec Simon Wheatley photographe britannique d’origine du Singapour. Ce workshop a eu lieu à l’école des beaux-arts de Casablanca en 2008. C’est à cette date précise, où s’est produit le vrai déclic.

Autoportrait
Par ailleurs, Abderrahmane Doukkane est influencé surtout par l'école américaine comme Robert Frank et William Klein mais aussi par l'école italienne notamment par Mario Giacomelli. Si ce jeune artiste n’a pas pu rencontrer ce dernier maître de son vivant, il s’était consolé un peu en rencontrant un de ses élèves qui est Hassan Badreddine. Parmi les rencontres importantes pour Abderrahmane Doukkane aussi, celle avec le réalisateur Ali Essafi en 2004 déjà à l’occasion d’une formation sur les films documentaires à l’école des beaux-arts de Casablanca.

Autodidacte, ce jeune photographe apprend petit à petit et tout seul la photographie mais aussi en suivant quelques formations et workshops notamment à Casablanca. Il utilise aussi bien l’argentique que le numérique, sauf qu’il a une préférence pour l’argentique et plutôt la photo en noir et blanc.

« L’art pour l’environnement »

A part la série de « Casa en action », Abderrahmane Doukkane s’est fait déjà remarqué par le public marocain lors d’une exposition collective « L’art pour l’environnement » où il a présenté des images d'une décharge de Casablanca. Cette exposition a eu lieu à la villa des arts de Rabat et celle de Casablanca aussi, sous la présidence de SAR la Princesse Lalla Hasna en 2009.

Ce même travail sera davantage distingué tout en l’exposant encore à l’espace d’art de la Société Générale à Casablanca sous le commissariat de Mohamed Rachdi dans le cadre de l’exposition « Nature et paysage » en 2010. Il est à noter aussi que ce jeune artiste est originaire de Bouskoura, raison pour laquelle est-il aussi soucieux de la protection de l’environnement et de la fragilité de la nature.

« Taisez-vous I » à Casablanca

Intéressé par l’environnement mais aussi par le milieu social et les problèmes de sa société, Abderrahmane Doukkane va continuer de piocher et de provoquer la curiosité de son public en cherchant toujours des thèmes sérieux. Cette fois-ci c’est à travers une série qui s’appelle non sans raison « Taisez-vous ! », «  Shut up ! » ou « Haniwna ! ». Il s’agit d’une série qui regroupe des portraits de personnes pauvres et démunis vivant dans les bidonvilles.

Ce travail a été heureusement bien accueilli malgré son message politique. En effet, il a été exposé à l’espace d’art de la Société Générale à l’occasion des « 100 ans - 100 Œuvres - 100 Artistes » en 2013. Abderrahmane Doukkane, le photographe et plasticien qu’il est aussi a choisi lui-même d’exposer ces portraits d’une manière à la fois simple et créative. Il avait tout simplement d'abord dessiné sur le mur à l'aide d'un pinceau des rectangles qui servent de cadres, ensuite collé les tirages dessus chacun dans son cadre pour ressembler au final à l’affichage électoral. Ce n’est pas fini ! Il y a également le « Taisez-vous II » qui arrive pour compléter le premier à travers son expérience en résidence d’artistes à Paris…


« Taisez-vous II » à Paris

Abderrahmane Doukkane rêvait de voyager, de s’inspirer et de créer aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. D’ailleurs cet artiste avait déjà réalisé un travail dédié uniquement à ce thème baptisé « une valise de rêves ». Son rêve s’était finalement exaucé. En effet, il a eu la chance d’avoir une bourse pour aller en résidence d’artistes à la cité internationale des arts de Paris pendant six mois en 2013. Muni de sa série « Taisez-vous I » déjà réalisée au Maroc. Cette fois-ci on lui donna feu vert pour exposer son travail notamment dans le centre de Paris au 4ème arrondissement. Un deuxième rêve qu’il souhaitait tant réaliser ici au Maroc. A Nice aussi, il a eu l’opportunité d’exposer pendant les jeux de la Francophonie qui fêtent l’art et le sport.

Une fois rentré au Maroc, il était bien applaudi et encouragé par ses compatriotes. Le «Taisez-vous II » était présenté en 2014 lors de l’inauguration du Musée Mohammed VI d'Art Moderne et Contemporain (MMVI) à Rabat avec un nouveau concept, des dimensions plus importantes et dans un espace plus large…



Et pourquoi pas les Etats-Unis ?

Après la France, Abderrahmane Doukkane s’envole aux Etats-Unis en août prochain 2015 pour une courte durée de dix jours. Il s’agit d’un voyage culturel pour visiter des galeries et musées dans plusieurs villes américaines…En effet, l’ambassade des Etats-Unis avait sélectionné dix artistes marocains ayant travaillé sur le thème du rêve.

Le rêve de ce photographe est présenté cette fois-ci sous forme d’un nouveau travail qui s’appelle « Souffles d’un corps arabe » exposé actuellement au nouveau siège de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat. Cette série fait désormais partie de la collection permanente de cet espace. Abderrahmane Doukkane devient ainsi un jeune ambassadeur de la photographie marocaine à l’étranger et une fierté pour son pays…

*J’ai eu l’opportunité de rencontrer récemment Abderrahmane Doukkane « cette petite star » et après l’idée m'est venue de laisser une petite trace autour de son expérience et de cette rencontre enrichissante surtout pour moi. Je tiens d’ailleurs à le remercier pour sa générosité et sa disponibilité.

mardi 21 avril 2015

La passion de la photographie

© Véronique Schotte 
Véronique Schotte et Marc Van Vaek est un couple belge originaire respectivement de Bruges et de Malines. Ce sont deux passionnés de photographie et deux amoureux de la médina de Marrakech où ils ont choisi de s’installer depuis uniquement dix-huit mois pour créer, produire et exposer de la photographie.

C’est tout en travaillant d’une manière complémentaire, voire fusionnelle sous le nom de « Photography Véronique & Marc » qu’ils sont en train petit à petit de se créer une notoriété locale. Complémentarité et complicité c’est ce qui désigne effectivement au mieux le travail de ce couple. Si Véronique est portraitiste, Marc quant à lui est adepte des photos panoramiques et photos d’intérieur. En effet, Véronique est passionnée davantage de petits plans et de petits détails liés à la couleur et le thème, alors que Marc est partisan de grands plans et de détails techniques. Cette complémentarité se remarque également en plein shooting, lorsque Véronique est derrière l’objectif, son mari Marc joue le rôle d’un assistant...

© Marc Van Vaek
Une passion qui se partage au quotidien

Pour partager leur savoir-faire en photographie, ce couple vient de créer un atelier photo sous le titre « Apprenez à regarder différemment ». C’est un atelier ouvert à tout public y compris les enfants à partir de 7 ans et dont le nombre d’inscrits est limité à 8 personnes. Jusqu’à présent, ce sont souvent des touristes qui s’inscrivent à cet atelier via Tripadvisor et Facebook…

Deux élèves en plein atelier photo
Accompagnés de Véronique et Marc, les élèves ont l’opportunité d’apprendre sur le tas et de s’initier chacun à l’utilisation de son matériel photo et des techniques essentielles de photographie. Ce qui est original à propos de cet atelier, c’est la promenade à pied dans les rues d’autant plus qu’il s’agit d’un quartier rarement fréquenté par le touriste non averti. Il s’agit principalement de découvrir le souk avec les différents commerces, les marchands ambulants et le concept du fondouk tout en prenant des images de bonne qualité qui racontent de préférence une histoire ou qui reflètent la vie quotidienne. L’objectif principal, comme l’indiquent les initiateurs de cet atelier, est justement de voir au-delà de la carte postale et de dépasser les clichés touristiques.

Organisé tous les jours de la semaine sauf le vendredi -jour où les commerces de l’ancienne médina sont fermés- l’atelier peut s’adapter à tous les niveaux. Il est à noter également que les formateurs n’exigent pas d’avoir du matériel sophistiqué afin d’y adhérer. Les participants peuvent tout simplement utiliser leurs smartphones ou tablettes…Bref, il suffit d’avoir la passion de la photographie !

Pour plus d'informations
Site : www.vmphotography.be 
Pages Facebook : 
Atelier Photo-Apprenez à regarder différemment
Véronique Schotte Photography
Marc Van Vaek Photography

Séance photo intérieur, mode, enfants, famille, mariage, couple, engagements…

* Je tiens à remercier Véronique et Marc ce couple sympathique et professionnel, que j'ai eu l'occasion d'interviewer en tête à tête, de m'avoir communiqué en toute confiance toute la matière nécessaire à la réalisation de ce modeste article y compris les photos.

jeudi 16 avril 2015

Le vélo inspire...

La journée sans voiture du dimanche dernier (12 avril 2015) n’était pas uniquement une occasion pour sensibiliser la population de Marrakech par rapport à la protection de l’environnement, mais aussi une belle opportunité de s’inspirer pour certains artistes qui ont participé. Il y a de jeunes photographes qui en ont profité par exemple pour prendre des selfies et de beaux clichés de la ville tout en roulant à bicyclette les 12 kilomètres de la promenade.

Vélo signé Houda Jabbori
Le circuit dégagé rien que pour les cyclistes cette matinée du dimanche, a permis de voir la ville autrement et avec moins de trafic. Tout en passant devant des endroits cultes de la cité ocre comme Bab Doukkala et la Koutoubia, mais aussi en traversant les grands boulevards comme l’avenue Mohammed V, l’avenue Hassan II et l’avenue Mohammed VI presque vides et sans véhicules. Chose qui arrive rarement !

Houda Jabbori avec son vélo




Originaire de Marrakech et issue d’une famille d'artistes composée de dix filles, Houda Jabbori a pris également part à cette belle initiative mais pas n’importe comment Cet artiste décoratrice a créé un vélo pour les organisateurs de cet événement. Équipé d'un panier de paille, il s'agit d'un vélo décoratif et esthétique peint en vert pour rappeler la couleur de la nature. Cette femme de grand talent a eu l’idée géniale d’acquérir toutes les pièces détachées de ce vélo chez la brocante du fameux souk Bab Lakhmiss. Finalement ce vélo signé Houda Jabbori ne passera pas inaperçu, il sera exposé en permanence à la Maison de la Culture de Marrakech.

Il est à rappeler que cette journée sans voiture ou « Ecolo’s Bike Ride » est organisée par l’association Mawarid. L’événement est arrivé cette année à 5ème édition. Les organisateurs et participants sont contents du succès rencontré année après année.

*Je tiens à remercier Houda Jabbori pour tous les détails qu'elle m'a communiqués sur son travail et pour les photos qu'elle m'a laissées utiliser en libre de droit pour illustrer ce modeste article.

lundi 13 avril 2015

Le Maroc anglophone

Tedx Maroc

Au niveau des événements dont la communication se déroule essentiellement en anglais et qui prend de plus en plus d’ampleur au Maroc, il existe la série de conférences Tedx Maroc. Il s’agit d’un programme indépendant et local créé par Ted event sous la licence de la fameuse série américaine de conférences Ted (Technology, Entertainment and Design) qui a vu le jour depuis 1984 aux Etats-Unis pour diffuser des idées, mais pas n’importe quelles idées ! Uniquement celles qui méritent d’êtres diffusées, comme le dit leur slogan « Ideas worth spreading ». A l’instar d’autres pays, le Maroc a commencé à organiser cet événement et ce depuis 2010. Une belle initiative qui prend forme et qui s’est déroulé jusqu’à présent dans plusieurs villes: Casablanca, Rabat, Khouribga, Kénitra et Marrakech. Chaque ville a ses propres organisateurs qui peuvent changer chaque édition. Au niveau du contenu, Tedx Marrakech –à titre d’exemple- dont la 4ème édition vient de se dérouler le samedi 28 février 2015 avait comme thème « Always look at the bright side ». C’est une femme anglaise d’une grande culture qui est derrière son organisation. Il s’agit de Vanessa Branson qui est aussi la fondatrice de la Biennale de Marrakech et dont la 5ème édition a eu lieu en février 2014 sous le thème « Where are we now ? »…

Centres culturels

Les centres culturels se comptent certes sur le bout des doigts, mais parmi les exemples qui peuvent être cités, il existe Dar America à Casablanca qui dépend du consulat des Etats-Unis. Ce centre culturel est équipé d’une bibliothèque et organise régulièrement des activités culturelles. Au nord du Maroc, il y a le musée de la légation américaine à Tanger ou The Tangier American Legation Institute for Moroccan Studies (TALIM) qui est à la fois un musée et un centre culturel. En plus d'une salle dédiée à l’écrivain américain Paul Bowl, ce musée représente principalement une collection de peintres marocains et étrangers qui ont résidé à Tanger. Le musée participe également au développement de cette ville notamment de l’ancienne médina où il se trouve en proposant des cours d’alphabétisation, de broderie et de cuisine aux femmes qui habitent ce quartier…A part ces centres étatiques, il existe des structures privées comme "Culture Vultures" qu’on peut considérer comme centre culturel aussi. Doté d'une résidence d'artistes à Sefrou, ce centre encourage également et principalement les artisans de Fès. Derrière ce projet culturel d'envergue, une dame anglaise qui s'appelle Jess Stephens.

Peace Corps

Apprendre anglais dans la zone rurale est possible grâce aux missionnaires américains du Corps de la Paix ou Peace Corps. Ce sont des enseignants bénévoles qui ont décidé d’apporter du renouveau à la campagne du Maroc en donnant des cours d’anglais là où il y a moins d’accessibilité à l’éducation et à l’information en général. Certaines personnes peuvent trouver cette mission purement diplomatique, voire louche. C’est diplomatique certes pour développer davantage les relations internationales, car c’est le Maroc qui a été parmi les pionniers à avoir invité le Corps de la Paix vers les années soixante dont l’objectif principal est de coopérer afin d’améliorer certains domaines encore fragiles tels que la jeunesse, la santé, l’entreprenariat et l’environnement. 

Centres de langues et écoles

Dans la zone urbaine, l’apprentissage de l’anglais est plus facile et occupe déjà une place importante grâce au réseau des centres américains installés notamment dans les grandes villes. Le premier centre américain ou American Language Center (ALC) au Maroc est celui de Rabat qui a été créé vers la fin des années 50. En outre, il y a les British Council et les British Centre. A part les centres de langues destinés aux enfants et aux adultes, il existe les American Schools au Maroc (avec un cursus complet primaire, collège et lycée) à l’instar des écoles françaises qui fournissent un baccalauréat international. Par ailleurs, l’enseignement supérieur est doté de quelques universités privées américaines et anglaises dont la plus ancienne est bien évidemment Al Akhawayne d’Ifrane fondée en 1993. Ainsi que les universités publiques dont les facultés des lettres sont toutes dotées d’une filière en littérature anglaise. Il est à rappeler également qu’à côté du français et de l’anglais, d’autres langues étrangères sont enseignées et parlées au Maroc comme l’espagnol et l’allemand. Malgré que certaines personnes pessimistes puissent rétorquer que le taux d’analphabétisme est assez élevé au Maroc, alors comment réussira-t-on à apprendre encore d’autres langues ? Or, l’apprentissage des langues étrangères devient une nécessité que l’école et la société doivent encourager et faciliter à tout prix dans le secteur public et privé. 

Vers la voie de l’anglophonie

Après la francophonie, le Maroc va de plus en plus vers la voie de l’anglophonie et de l’anglicisation des études, mais aussi du marché du travail. En communication, en hôtellerie ou en tourisme en général, l’anglais est devenu omniprésent. Certains recruteurs exigent au moins le bilinguisme : français et anglais. D’ailleurs certains intitulés de poste sont carrément en anglais comme : curator, manager ou mediator…Le Maroc pourrait même célébrer plus tard la journée de l’anglophonie à l'instar de la journée de la francophonie célébrée chaque 20 mars. Dans un pays aussi riche au niveau linguistique et culturel avec sa langue maternelle et sa propre culture, le Maroc devient de plus en plus un pays multilingue et cosmopolite avec la présence de plusieurs communautés de différentes nationalités française, belge, espagnole et italienne…Mais aussi une grande communauté de l’Afrique subsaharienne et davantage de migrants en provenance des pays arabes voisins…