Abderrahmane Doukkane vient
d’être élu récemment lauréat par le concours « Ma ville » de la ville de
Casablanca : 1er prix par le jury. Il a été sélectionné pour
une photo en couleur composée elle-même de douze photos. Cette image est issue en
fait de sa série « Casa en action ». Un travail qui représente une
ville dynamique et active, mais aussi une ville d’embouteillage. Bref, une
ville « qui bouge » comme ce jeune artiste l’a décrit…
Pour décrire son expérience et malgré
son jeune âge en deux mots : elle est riche et enrichissante pour les
photographes de sa génération. Et pour décrire sa personnalité, c’est une personne modeste
et curieuse qui cherche toujours à apprendre davantage et à creuser encore plus
loin…
Né en 1983 dans la périphérie de
Casablanca, c’est à l’âge de seize ans qu’il avait commencé la photographie. Ce
fut sa première passion. Quelques années plus tard, il participa à un workshop
réalisé par l’agence Magnum avec Simon Wheatley photographe britannique
d’origine du Singapour. Ce workshop a eu lieu à l’école des beaux-arts de
Casablanca en 2008. C’est à cette date précise, où s’est produit le vrai déclic.
Autoportrait |
Par ailleurs, Abderrahmane
Doukkane est influencé surtout par l'école américaine comme Robert Frank et William Klein mais aussi par l'école italienne notamment par Mario Giacomelli. Si ce jeune artiste n’a pas pu rencontrer ce dernier maître de son vivant, il
s’était consolé un peu en rencontrant un de ses élèves qui est Hassan
Badreddine. Parmi les rencontres importantes pour Abderrahmane Doukkane
aussi, celle avec le réalisateur Ali Essafi en 2004 déjà à l’occasion d’une
formation sur les films documentaires à l’école des beaux-arts de Casablanca.
Autodidacte, ce jeune photographe
apprend petit à petit et tout seul la photographie mais aussi en suivant
quelques formations et workshops notamment à Casablanca. Il utilise aussi bien
l’argentique que le numérique, sauf qu’il a une préférence pour l’argentique et
plutôt la photo en noir et blanc.
« L’art pour
l’environnement »
A part la série de « Casa en
action », Abderrahmane Doukkane s’est fait déjà remarqué par le public
marocain lors d’une exposition collective « L’art pour
l’environnement » où il a présenté des images d'une décharge de Casablanca. Cette exposition a eu lieu à la villa des arts de Rabat et celle de Casablanca
aussi, sous la présidence de SAR la Princesse
Lalla Hasna en 2009.
Ce même travail sera davantage distingué
tout en l’exposant encore à l’espace d’art de la Société Générale à Casablanca
sous le commissariat de Mohamed Rachdi dans le cadre de l’exposition
« Nature et paysage » en 2010. Il est à noter aussi que ce jeune
artiste est originaire de Bouskoura, raison pour laquelle est-il aussi soucieux
de la protection de l’environnement et de la fragilité de la nature.
« Taisez-vous I » à
Casablanca
Intéressé par l’environnement mais
aussi par le milieu social et les problèmes de sa société, Abderrahmane
Doukkane va continuer de piocher et de provoquer la curiosité de son public en
cherchant toujours des thèmes sérieux. Cette fois-ci c’est à travers une série
qui s’appelle non sans raison « Taisez-vous ! », « Shut up !
» ou « Haniwna ! ». Il s’agit d’une série qui regroupe des portraits
de personnes pauvres et démunis vivant dans les bidonvilles.
Ce travail a été heureusement
bien accueilli malgré son message politique. En effet, il a été exposé à l’espace
d’art de la Société Générale
à l’occasion des « 100 ans - 100 Œuvres - 100 Artistes » en 2013.
Abderrahmane Doukkane, le photographe et plasticien qu’il est aussi a choisi
lui-même d’exposer ces portraits d’une manière à la fois simple et créative. Il
avait tout simplement d'abord dessiné sur le mur à l'aide d'un pinceau des rectangles qui servent de cadres, ensuite collé les tirages dessus chacun dans son cadre pour ressembler au final à l’affichage électoral. Ce n’est pas fini ! Il y a
également le « Taisez-vous II » qui arrive pour compléter le premier
à travers son expérience en résidence d’artistes à Paris…
« Taisez-vous II » à
Paris
Abderrahmane Doukkane rêvait de
voyager, de s’inspirer et de créer aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. D’ailleurs
cet artiste avait déjà réalisé un travail dédié uniquement à ce thème baptisé « une
valise de rêves ». Son rêve s’était finalement exaucé. En effet, il a eu
la chance d’avoir une bourse pour aller en résidence d’artistes à la cité
internationale des arts de Paris pendant six mois en 2013. Muni de sa série
« Taisez-vous I » déjà réalisée au Maroc. Cette fois-ci on lui donna
feu vert pour exposer son travail notamment dans le centre de Paris au 4ème
arrondissement. Un deuxième rêve qu’il souhaitait tant réaliser ici au Maroc. A
Nice aussi, il a eu l’opportunité d’exposer pendant les jeux de la Francophonie qui
fêtent l’art et le sport.
Une fois rentré au Maroc, il était
bien applaudi et encouragé par ses compatriotes. Le «Taisez-vous II » était
présenté en 2014 lors de l’inauguration du Musée Mohammed
VI d'Art Moderne et Contemporain
(MMVI) à Rabat avec un nouveau concept, des dimensions plus importantes et dans
un espace plus large…
Et pourquoi pas les
Etats-Unis ?
Après la France , Abderrahmane
Doukkane s’envole aux Etats-Unis en août prochain 2015 pour une courte durée de
dix jours. Il s’agit d’un voyage culturel pour visiter des galeries et musées
dans plusieurs villes américaines…En effet, l’ambassade des Etats-Unis avait sélectionné
dix artistes marocains ayant travaillé sur le thème du rêve.
Le rêve de ce photographe est
présenté cette fois-ci sous forme d’un nouveau travail qui s’appelle « Souffles
d’un corps arabe » exposé actuellement au nouveau siège de l’ambassade des
Etats-Unis à Rabat. Cette série fait désormais partie de la collection
permanente de cet espace. Abderrahmane Doukkane devient ainsi un jeune
ambassadeur de la photographie marocaine à l’étranger et une fierté pour son
pays…
*J’ai eu l’opportunité de
rencontrer récemment Abderrahmane Doukkane « cette petite star » et
après l’idée m'est venue de laisser une petite trace autour de son expérience
et de cette rencontre enrichissante surtout pour moi. Je tiens d’ailleurs à le
remercier pour sa générosité et sa disponibilité.